Retour sur le petit-déjeuner organisé par le LH Forum en partenariat avec Sparknews sur le thème « Impact journalism : inspirer et donner envie d’agir pour une société positive »

Retour sur le petit-déjeuner organisé par le LH Forum en partenariat avec Sparknews sur le thème « Impact journalism : inspirer et donner envie d’agir pour une société positive »

Le 03 mai 2014, KUMIUT s’est rendue au petit-déjeuner/débat de l’économie positive (LHLAB) qui se tenait  à l’Auditorium du Monde, Paris 13ème, sur le thème de l’impact journalism : inspirer et donner envie d’agir pour une société positive.

Cette rencontre, organisée dans le cadre du Mouvement pour une économie positive par le LH Forum en partenariat avec Sparknews, avait pour objectif de mettre en lumière un nouveau type de journalisme, « l’impact journalism », dont la visée est de traiter les problèmes de société à travers les solutions et initiatives positives qui y répondent.

Cette rencontre s’est d’abord caractérisée par son regard critique du traitement de l’information par les journalistes, souvent trop tentés de livrer du sensationnel – très court-termiste – à une société actuelle largement désenchantée, déloyale et totalement soumise à la tyrannie de l’immédiateté. « Dans un monde où la société est en grande insécurité, la fonction même de la distraction est de vivre par procuration ce que vivent les autres », n’a pas manqué de rappeler, non sans regret, Jacques Attali dans une introduction inspirée et quelque peu poil à gratter sur ce que devrait être le journalisme, et ce à quoi il est le plus souvent réduit.

Favorable au journalisme positif, qui sait informer des bonnes nouvelles comme traiter des questions du long terme, Jacques Attali croit en la demande de sens qui se fait jour au sein de la société, et qui doit se faire inspirante pour une nouvelle approche du journalisme dont l’enjeu pourrait être résumé de la façon suivante : « comment transmettre de façon séduisante des choses [le long terme] que les gens n’ont pas envie d’entendre ? ». Un enjeu d’autant plus essentiel pour le Président du Mouvement pour une économie positive, qui n’a pas caché sa crainte d’un retour du totalitarisme à travers le monde, que l’économie positive apparaît comme une réponse incontournable aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux actuels.

C’est donc sur cette question, en forme de problématique, que les invités venus présenter les conclusions du LHLAB ont réagi. Pilotée par Christian de Boisredon, fondateur de Sparknews, et animée par Anne-Sophie Novel, journaliste, la discussion a réuni :

  • Jean-Marie Charon, sociologue, chercheur associé à l’EHESS et président de la Conférence Nationale pour les Métiers du Journalisme (CNMJ),
  • Violaine du Chatellier, présidente et fondatrice de Debout,
  • Isabelle Hennebelle, rédactrice en chef du hors-série de l’Express « ces métiers qui changent le monde » et journaliste RH et innovation sociale à l’Expansion et l’Express,
  • Frédéric Ivernel, directeur central de la communication externe et du marketing à TF1,
  • Didier Pourquery, rédacteur en chef développement éditorial au journal Le Monde,
  • Véronique Richard, professeure des universités et directrice du CELSA.

Les temps forts de la discussion :

Christian de Boisredon a rappelé que 61% des gens trouvent les médias trop négatifs. Fort de ce constat, Sparknews souhaite aujourd’hui être un média qui fait émerger, connaître et rayonner les solutions qui répondent aux enjeux de société. Son projet tient en deux grands principes : trouver les sujets qui changent le monde et mutualiser la production de ces sujets entre différents médias de différents pays qui relayeront ensuite l’intégralité des sujets. Un projet à impact fort puisqu’il favorise, en même temps qu’il promeut l’effort collectif, non seulement la diffusion des bonnes pratiques auprès d’une large communauté de journalistes mais également auprès d’une plus grande cible de populations.

Un projet qui trouve notamment écho dans l’initiative « Impact Journalism Day » : 40 grands journaux de 40 pays qui allient leurs efforts le temps d’une journée mondiale pour produire un même supplément de 8 pages dédiées aux solutions innovantes et positives. Pour en savoir plus sur l’Impact Journalism Day, cliquer ici.  A noter, pour soutenir l’Impact Journalism Day, une campagne de crowdfunding a été lancée, elle est disponible à ce lien : http://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/impact-journalism-day-2014.

Mots clés : #mutualisation de l’information #recherche des solutions positives #Impact Journalism Day

Le sociologue, Jean-Marie Charon, a souligné pour sa part l’importance de diffuser de l’information positive – « il y a trop de drames », tout en insistant sur la nécessité d’y mettre les moyens, les compétences et un dispositif adapté au risque sinon de tomber dans de la propagande, « l’information positive pose des problèmes de réglages extrêmement fins ». Selon lui, l’information positive est une information pointue qui requiert un minimum de précautions comme de « ne pas s’en remettre qu’à la simple intuition » et former les journalistes à cette nouvelle approche. « Ils doivent aussi être encadrés ».

Mots clés : #diffuser de l’information positive #former les journalistes à l’information positive

Didier Pourquery, qui fut à l’initiative de la création du supplément du journal Le Monde sur les solutions qui marchent, a pour sa part insisté sur l’importance de changer de regard pour proposer un autre type de traitement de l’information. « Un changement qui s’opère quand on sort du cynisme », a – t – il souligné, pointant du doigt les journalistes blasés et blâmant les « angles morts » qui existent aujourd’hui dans les rédactions. Selon lui, le partage de l’information est un élément important de ce changement d’approche pour les journalistes mais il ne fait pas tout. Le journaliste, a t – il insisté, doit faire preuve de curiosité – « une curiosité, même pour le banal, l’ordinaire » pour sortir du cynisme et ne pas se contenter d’être un commentateur des situations, il doit en être acteur – « le journalisme d’impact peut aider les lecteurs à agir ».

Mots clés : #partager l’information #être curieux de tout #être autant acteur que commentateur

Isabelle Hennebelle est revenue sur les origines du hors –série de l’Express qui s’intéresse aux métiers qui changent le monde. Elle a notamment rappelé que ce hors-série veut donner des clés et montrer comment certaines entreprises réussissent à faire du business en ayant un vrai impact positif sur le monde, comment des individus mettent aujourd’hui leur propre carrière au service de l’intérêt général… Derrière ce projet, c’est toute une réflexion sur les moyens de repenser les business models des entreprises qui se fait jour et qui trouve aujourd’hui son public. Elle a aussi beaucoup insisté sur les liens créés entre l’Express et les acteurs du terrain, type Ashoka, pour cocréer ensemble de l’information positive, une vraie révolution dans la manière de produire l’information.

Mots clés : #métiers qui changent le monde #cocréer l’information

Frédéric Ivernel, a présenté la campagne de TF1 intitulée « partageons les ondes positives ». Il a notamment expliqué pourquoi la chaîne avait décidé d’engager sa marque dans une telle posture. Après un travail de réflexion sur la relation de TF1 avec son public, deux grands axes sont apparus comme majeurs pour le développement de la chaîne : «diffuser de la joie et de l’optimisme » et « participer à une compréhension active du monde ». C’est ainsi, par exemple, que TF1 a décidé de diffuser des programmes valorisant des rôles modèles issus des banlieues afin de présenter une vision différente de celle fréquemment admise et très stigmatisée. Pour voir la bande annonce de la campagne « Partageons les ondes positives« , cliquer ici.

Mots clés : #diffuser de la joie et de l’optimisme #participer à une compréhension active du monde #valoriser les rôles modèles

Violaine du Chatellier a présenté Debout, le premier magazine de solutions conçu pour tous ceux qui traversent des difficultés économiques et sociales. Avec une cible potentielle de plus de 10 millions de lecteurs, le magazine qui sera lancé à 100 000 exemplaires le 17 septembre prochain, dans 7 grandes villes françaises, a déjà pu compter sur le soutien de plusieurs medias – mécénat de compétences. Violaine du Chatellier, très investie depuis de nombreuses années dans la lutte contre la précarité, a notamment rappelé que « pour être acteur de sa vie, il faut déjà avoir de l’information ». Pour en savoir plus : www.debout-asso.org

Mots clés : #lutter contre la précarité #informer pour rendre acteur de sa vie #innovation sociale

Au sein de KUMIUT, nous sommes doublement ravis d’avoir pu assister à cet événement. D’une part, le thème débattu – l’Impact Journalism – nous est apparu à la fois innovant et véritablement pertinent à l’heure où les enjeux liés au développement durable échappent encore au plus grand nombre par manque d’information ou par un traitement de l’information qui ne la rend pas intelligible. D’autre part, les notions qui sont ressorties comme étant nécessaires pour avancer dans la voie d’un journalisme plus « positif » (le partage, la cocréation, la curiosité, la compréhension active du monde…) nous sont d’autant plus chères qu’elles entrent en résonnance avec nos propres convictions.  A travers notre blog Contribution Libre , notre émission « Des entreprises et des hommes » sur la Web TV CL TV, mais aussi la manière systématique de rendre compte des événements auxquels nous assistons, nous avons la prétention de participer à ce mouvement qui informe, interroge pour mieux appréhender le monde dans lequel nous vivons, et ce, de façon positive et prospective.

Comprendre le monde, penser l’entreprise, tel est notre objectif au sein de KUMIUT.