
La fin annoncée d’une entreprise, la fin d’un cycle
Bientôt, le pétrole ne coulera plus dans ses veines et signera ainsi l’arrêt de son activité. Peu à peu les unités de raffinage vont ralentir leur marche quotidienne pour se taire définitivement. Les salariés ont longtemps espéré que ce moment n’arrive jamais, les syndicats ont redoublé d’efforts pour que le cas de Pétroplus devienne une priorité gouvernementale, un site à sauver. Mais voilà, aucun repreneur n’a été capable de proposer un projet d’avenir solide et la sentence est lourde de conséquences. Demain, ils seront près de 500 à ne plus reprendre le chemin de la raffinerie et probablement autant à rayer de leur carnet de commandes un employeur indirect.
Au final, combien seront-ils vraiment à regretter l’activité brute et odorante de la raffinerie ? Personne ne le sait vraiment, même si l’on peut imaginer qu’ils seront nombreux dans les familles à se souvenir, dans les rues à se remémorer le passé, dans les cafés à vouloir croire plus encore à leur chance au loto. A Petit-Couronne, il y avait la raffinerie comme il y a la mairie, le café ; il faut dire qu’avec ses 83 ans, l’entreprise est comme ses vieux de la vieille dont le destin est intimement lié à celui d’un territoire.
Et même si d’ici février, un nouveau projet voit le jour au sein de la raffinerie, rien ne sera plus comme avant. De 1929 à 2013, la raffinerie de Pétroplus aura porté fièrement le modèle d’une économie qui n’est plus. Celle qui était née pendant la Grande Dépression, fermera ses grilles sur fond de crise. Certains y verront l’ironie de l’histoire, d’autres la fin d’un cycle long. Une fin symbolisant l’entrée dans une nouvelle économie… et en particulier dans le domaine énergétique.