
KUMIUT était présent à la conférence « Entreprises et Droits de l’Homme : Maîtriser les risques » du 24 mai 2016
KUMIUT a assisté, le 24 mai dernier, à la Conférence organisée par le Global Compact France sur le thème : « Entreprises et Droits de l’Homme : Maîtriser les risques ». Cette conférence, qui se tenait au siège de Veolia, 36-38 Avenue Kléber, à Paris, a été ouverte par Antoine Frérot, Président-Directeur Général de Veolia, qui a notamment invité à « Replacer l’humain au cœur de ses activités et de ses interactions ».
Françoise Guichard, Présidente d’EDH, est ensuite intervenue pour présenter son association, rappeler les grands principes directeurs des Nations Unies et faire état du contexte ayant conduit à organiser cette conférence. Elle a rappelé que cette conférence visait à aborder et tenter de répondre à des questions essentielles aujourd’hui que ce soit à un niveau institutionnel, professionnel ou sociétal.
Comment travailler dans des pays où les droits humains ne sont pas respectés ? Devons- nous refuser de travailler avec eux ?, a questionné la Présidente d’EDH en soulignant que le lien entre entreprise et droits de l’homme irait croissant dans les années à venir.
Pour elle, il est indispensable pour toute entreprise de se pencher réellement sur ce sujet, en particulier autour de 2 axes :
- Le respect des droits des populations concernées par leurs activités
- Le respect des droits fondamentaux sur le lieu de travail même
Son intervention a ensuite été suivie d’une table ronde autour de la question de l’intégration des droits de l’homme au business. Marine de Carné de Trécesson, Ambassadrice pour la RSE – Ministère des Affaires Étrangères et du Développement International, a tout d’abord présenté un tableau de l’actualité réglementaire en matière de droits humains et rappelé que même si la France est vue comme la patrie des droits de l’homme, les démarches aujourd’hui volontaires des entreprises sur le sujet des droits de l’homme ne suffisent pas à un niveau international.
Les autres participants de la table ronde, animée par Isabelle Hennebelle, Journaliste à l’Express, sont ensuite intervenus sur plusieurs questions :
- Bertrand Swiderski, Directeur RSE – Groupe Carrefour
- Hervé Déguine, Directeur des relations avec les ONG et les organisations de la société civile – Michelin
- Emmanuelle Bru, Responsable des Relations avec les Parties Prenantes et du sujet Droits de l’Homme – BNP Paribas
- Annabelle Guillet, Directrice Assurance QSE et Développement Durable – Armor
- Pierre Habbard : pour le Trade Union Advisory Committee (TUAC), commission syndicale consultative auprès de l’OCDE
Question 1 : Pourquoi vous êtes-vous intéressé à la question des droits de l’homme et avez-vous cherché activement des solutions ?
Pour Hervé Déguine, même si les valeurs de Michelin rejoignent la valeur du respect des personnes, c’est suite à un problème rencontré sur un site en Inde, que le Groupe a pris réellement conscience de l’importance du sujet.
Pour la BNP, Emmanuelle Bru a mis en avant le fait que la question des droits de l’homme représente un gros enjeu au niveau des financements et des investissements, rappelant au passage que, dans le secteur financier, « on se retrouve complice de toutes les entreprises pour qui nous investissons ».
En ce qui concerne la société Armor, c’est un épisode malheureux où les passeports de certains collaborateurs à Singapour avaient été retenus qui a fait prendre conscience du problème des droits humains dans un cadre international.
Pierre Habbard du TUAC, a ajouté que pour répondre au mieux à la problématique du respect des droits humains il était nécessaire de :
- Renforcer les outils actuels
- Sortir du volontarisme
- Intégrer la question de la responsabilité dans les chaînes d’investissement et de valeur
Question 2 : Quelles méthodes avez-vous mis en place pour prévenir les risques liés aux droits de l’homme dans vos activités ?
Chez Michelin, un « travail d’évangélisation en interne » a d’abord été mené. Ensuite c’est un système de remonté d’information qui a été mis en place. Aujourd’hui, chez Michelin une étude concernant les impacts sur les droits de l’homme est faite de manière systématique pour les gros chantiers. La société partage également les résultats des études en interne et à l’externe, met en œuvre des mesures et publie des rapports. Michelin a aussi exclu les pays à risques de ses cibles de ventes de pneus militaires.
Pour Carrefour, une des solutions est de procéder à des audits externes non-annoncés sur ce sujet. Au-delà de l’audit, la responsabilisation des fournisseurs est primordiale surtout dans le secteur de la distribution. Sans ça, il n’y a pas d’évolution selon Bertrand Swider. Il faut faire monter le level playing field global pour la RSE. Mais « ça ne doit pas devenir un sujet concurrentiel » (phrase qui sera contredite par Pierre Habbard et plus tard Jean-Pierre Cordier, Vice-président du Global Compact France)
Emmanuelle Bru explique quant à elle qu’à la BNP, depuis 2010, des gardes fous ont été établis pour prévenir les risques. Ce sont notamment des outils tels que des fichiers Excel contenant des critères sur les droits de l’homme par secteur et permettant d’évaluer point par point la situation afin de prendre la décision ou non d’investir. Il y a également un paragraphe sur les droits de l’homme dans leur politique de crédit. La BNP est dans la prévention, car couvrir tous ses financements est compliqué pour une banque. Il faut donc établir des priorités par rapport aux risques.
Chez Armor, des discussions et échanges systématiques sur le sujet ont cours, soutient Annabelle Guillet.
D’après Pierre Habbard « rien ne vaut le contraignant » car « les entreprises veulent judiciariser les enjeux commerciaux mais, pas les enjeux RSE. C’est incohérent ! ».
Pour conclure la conférence, Jean-Pierre Cordier a rappelé les points suivants :
- Quelle que soit la taille de l’entreprise, elle est concernée par les droits de l’homme.
- L’entreprise est responsable de ses fournisseurs
- Le respect que l’entreprise doit à ses collaborateurs est une chose primordiale
- « Pas d’angélisme, c’est un sujet concurrentiel ! », il s’agit d’enjeux de compétitivité, il y a aussi une implication indirecte
- Le problème fondamental est que les droits de l’homme ne sont pas considérés de la même manière selon le pays, la culture…
- Le respect des droits de l’homme dans l’entreprise n’est pas une science modélisable, ni très quantifiable
- Il ne faut pas opposer le volontarisme contre la réglementation « je préfère le : travailler ensemble vers un but commun
Jean-Pierre Cordier a enfin clôturé la conférence par l’annonce du lancement du nouveau groupe de travail, le Club Droits humains.