KUMIUT a participé au petit-déjeuner débat autour des enjeux de la RSE en Afrique organisé par l’Institut Afrique RSE

KUMIUT a participé au petit-déjeuner débat autour des enjeux de la RSE en Afrique organisé par l’Institut Afrique RSE

KUMIUT a participé mardi 10 septembre au petit-déjeuner débat organisé par l’Institut Afrique RSE (l’IARSE), dirigé par Thierry Téné, au Cercle de l’Union Interalliée à Paris. Cet événement, qui a eu lieu en présence de plusieurs acteurs de l’économie en Afrique (représentants de multinationales, investisseurs, organisations patronales) ainsi que de responsables RSE, fut l’occasion d’annoncer officiellement la troisième édition du forum international des pionniers de la RSE en Afrique qui se tiendra à Accra, au Ghana, les 27 et 28 novembre prochain.

En introduction, Thierry Téné a rappelé l’importance de développer la RSE sur le territoire africain en tenant compte des recommandations issues des Manifestes de Douala (2011) et de Tunis (2012). Il est revenu sur la nécessité de former les cadres, les étudiants (un programme est actuellement en cours au Congo) et de sensibiliser plus largement les populations sur les questions de RSE. Il a insisté aussi sur le besoin de politiques publiques engagées de la part des Etats africains et annoncé que l’IARSE était actuellement en discussion avec plusieurs organisations patronales comme le GICAM (partenaire de l’IARSE) au Cameroun, mais aussi au Gabon.

Il a enfin fait part de sa satisfaction de voir le renforcement de partenariats avec les organisations internationales, acteurs reconnus de la RSE (GRI, Programme des Nations Unies pour l’Environnement, BIT…) pour travailler sur la question centrale qui anime l’Afrique aujourd’hui et qui fera l’objet d’une conférence fin septembre à Genève : comment organiser la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle ? Une question d’autant plus centrale que l’économie informelle, qui représente la grande majorité du PIB des pays africains, est encore très largement absente des réflexions sur le développement.

Après avoir rapidement brossé le panorama des tendances mondiales en matière de RSE, Patrick d’Humières, Président de l’IRSE, a pour sa part souligné que la RSE en Afrique est aujourd’hui tirée et portée par des leaders et des pionniers issus des grandes multinationales (ex. : Danone). Il a ensuite souligné l’intérêt d’une RSE empreinte de vision et de pratiques africaines pour l’Afrique et posé trois questions en forme de défis à destination respectivement des grands acteurs internationaux de la RSE (peut-on éviter la standardisation en tenant compte du « local content » pour l’Afrique ?), des gouvernements et Etats (va – t – on définir des politiques spécifiques et adaptées à l’Afrique ?) et des organisations internationales (comment créer une autre relation à l’entreprise ?). Il a conclu en indiquant que la RSE ouvre de nouveaux champs de management de la relation en Afrique en insistant également sur l’informel et la nécessité d’arriver à créer un socle commun autour de relations locales partagées.

Lors de leurs interventions successives, les partenaires de l’événement et de l’Institut RSE Afrique (Egis, Sanofi, L’Oréal) ont témoigné de leur vif intérêt pour le territoire africain – un marché particulièrement porteur mais aux besoins spécifiques – et de leurs politiques RSE totalement inscrites dans leurs stratégies de développement (ex. : Egis) mais aussi d’innovation (ex. : l’Oréal). Simone Mechiche, Directrice de la Responsabilité Sociétale pour la région « Intercontinental » de Sanofi, est notamment revenue sur les responsabilités du groupe pharmaceutique sur ses territoires d’implantation, « Notre domaine premier est la santé […] l’Afrique est en pleine expansion et cela s’accompagne d’une transition épidémiologique, d’une évolution des besoins par rapport aux maladies transmissibles ou non transmissibles […] Nous nous adaptons avec nos partenaires (ONG, institutions locales) pour développer des programmes de santé adaptés aux besoins africains… ».

Des témoignages dans la lignée de celui d’Elodie Nocquet, responsable financière & ESG au sein de la famille de fonds d’investissement Investisseurs & Partenaires (I&P) spécialisé dans le soutien aux porteurs de projets sur le continent africain, qui a notamment insisté sur la préoccupation grandissante des fonds internationaux pour les questions de RSE, à travers le suivi strict d’indicateurs extra financiers mais aussi un regard plus aiguisé sur la matérialité des actions terrain – « pour un euro investi, quelle est la création d’emploi réelle ? ».

Marème Malong, Membre du Conseil Exécutif et Présidente du Groupe de Travail sur la RSE au Gicam, organisation patronale camerounaise, s’est d’abord désolée de voir qu’il existe encore un fort amalgame entre les questions de RSE et de mécénat, quand les entreprises ne se contentent pas d’un saupoudrage assimilable à du « green ou social washing ». Selon elle, les entreprises ne perçoivent pas encore les gains en termes d’image, de réduction des coûts de production, de gestion des risques que procure une démarche RSE et se montrent assez réticentes et rétives. Si la formation et la sensibilisation apparaissent comme des voies pour un changement notable, elle est également revenue sur la notion d’informel et formulé le souhait que la RSE puisse être un levier de prise en compte de l’informel.

Après un bref retour historique sur l’évolution des mentalités et des questions de RSE en Afrique – s’appuyant sur le cas de la question du Sida au Cameroun, Anthony Bouthelier, Président Délégué du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN), a d’abord eu la dent dure à l’égard des gouvernements en indiquant :  « on a souvent l’impression que nous sommes les pompiers de service par rapport à la carence des gouvernements », avant de préciser « c’est l’adhésion des populations qui est important ». ll est ensuite revenu sur le coût financier de la RSE qui freine aujourd’hui son développement au sein des entreprises, « ça a un coût la RSE, on l’estime environ à 5% du CA ».

Au regard du nombre de participants au petit-déjeuner et à l’engouement perçu sur le sujet qui s’est traduit par de nombreuses questions dans la salle suite aux interventions, Thierry Téné a fait part de sa volonté d’envisager l’organisation d’un prochain événement sur Paris. Si tel est le cas, KUMIUT y participera avec joie et intérêt.